12 mars 2019 LindaB

Qui a peur du chaos ?

Quand rêve et réalité se confondent

Du choc à l’effondrement

Début 2019, je fais le bilan de l’année écoulée qui fut difficile, énergivore et dont je sors épuisée. J’ai relevé des défis, semé beaucoup de graines, mais la récolte fut maigre.

J’aborde 2019 avec un seul souhait : qu’elle soit l’année de la facilité et de la réalisation. Et pourquoi pas ? Qui a dit que la réussite devait forcément être difficile ?

Bien décidée à me rendre la vie plus légère, je ne lésine pas sur les moyens pour ancrer mon intention : visualisation positive, méditation, détox, lettre d’intentions, encens, et j’en passe. Tous les moyens sont bons pour créer les conditions de la réussite aisée.

Mais je n’avais pas flairé le piège des bonnes résolutions.

Première épreuve : je tombe malade.
Je vois l’écart entre ce que j’imaginais et ce que je vis. L’incompréhension et la frustration m’envahissent.
D’abord je résiste, j’y crois. Allez ! Des vitamines, un peu de courage, et je repars.

Seconde épreuve : je continue à être dans l’action, mais ça ne marche pas.
Pire, une montagne d’obstacles inattendus se dresse devant moi : mauvaises nouvelles, retards, annulations de rendez-vous, des tensions dans mes relations.

Euhhhh, ça ne ressemble pas du tout à l’idée que je me faisais de la facilité.

L’effondrement salutaire : Bienvenue au chaos !

De la résistance à l’abandon

Je plonge dans une démotivation totale, un phénomène très nouveau chez moi. Je n’ai plus de goût à rien, je perds le sens. Je boude mon ordi, mes lectures, mon travail. Je deviens allergique à tout ce que je faisais d’habitude. Je suis perdue et impuissante face à la réalité. Je perds le contrôle. J’ai peurrrrr…

Je n’ai plus la force de quoi que ce soit, la perte de vitalité m’envahit.

Et un beau matin, je m’abandonne à mon état : je décide de ne pas me lever.

Le retournement : le pas de côté pour redonner du sens au PRESENT

De la victimisation à la responsabilité

Je fais un pas de côté pour dire bonjour à mon chaos intérieur, non par résignation, mais par renoncement au contrôle. Je décide de faire confiance au PRESENT.

D’abord est le chaos
Rien n’est organisé
Un pas de côté
Une nouvelle réalité
Les éléments commencent à s’aimanter.

Être dans l’observation plutôt que dans le jugement et bâtir mon mur des lamentations. Sortir de la crispation.

Faire face plutôt que tourner le dos, regarder le message subtil, voir ce qui arrive comme une aide à la réalisation ou un bénéfice, et non comme un obstacle ou une contrainte.

Et si, finalement, la maladie était là pour me souffler quelque chose d’important ?
Et si, finalement, elle était là, ma facilité ?

Et POURQUOI PAS ?

Accepter qu’il puisse y avoir une autre façon de faire.
La maladie devient alors mon alliée et le chaos l’opportunité de me réinventer.

Je passe donc une journée à dormir, dans mon rythme, dans une lenteur, sans effort. Je fais pareil le deuxième jour, et puis le troisième.

J’adopte mon slogan favori en période de crise, une citation de St-François d’Assise qui m’inspire beaucoup, plaquée sur le mur de ma cuisine.

« Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire et tu réaliseras l’impossible sans t’en apercevoir »

Saint Francois d’Assise
Saint Francois d’Assise

Mon choix conscient de l’abandon et mon renoncement au contrôle m’ont ouvert la porte du sens.

Le chaos
Vide plein
Rien ne se passe mais tout se passe
Un appel d’air
Entre lumière et obscurité
Ici et maintenant
Retour à l’essentiel

Le container : l’espace où l’action prend corps et sens

Du détachement à l’émergence d’une nouvelle réalité

Voilà comment je pourrais décrire mon expérience du chaos.

Mais, alors, comment le traverser me direz-vous ?

Avec du recul, je réalise que dans cette illusion d’inaction, j’ai créé un espace qui m’a permis de traverser. Entre abandon et émergence, il y a l’espace du détachement.

Entre et Antre
Protections
Espace de sécurité
Loin du bruit
Permissions
Renoncer au faire pour s’autoriser à être
Puissance
Mouvement de l’implicite à l’explicite
Ouverture

J’ai écarté toute situation, personne, activité, génératrices de stress et tensions.
J’ai concentré mon énergie uniquement sur ce qui me faisait plaisir et me mettait en joie. J’ai mis le focus sur ce qui me faisait du bien.

Et pour ce faire, je suis allée dans ma propre expérience passée du chaos. J’ai regardé les actions, attitudes et comportements que j’avais mis en place pour le traverser : personnes ressources, activités, lectures, aides extérieures.

Je suis retournée à l’essentiel plutôt que de rester dans l’obligation de résultat, voire de réussite. A chaque moment, ses besoins. La fameuse technique des petits pas.
J’ai créé un contenant. Je suis allé chercher le calme et la sécurité pour observer. Voilà ce qui m’a permis de faire le pont et ce qu’offre, dans ma définition, l’espace de coaching.

Et tout à coup, tout change.

Un matin, je regarde une vidéo, par hasard. Elle m’inspire. Je décide de la poster en partageant mon inspiration. Le post génère de nombreux like et partages. Surprise.

Un autre matin arrive un message d’une femme qui souhaite me rencontrer. Mes pairs viennent à moi, alors que deux ans auparavant, je les avais cherchés sans succès.

Puis un client me rappelle pour une demande de coaching. Suivie d’une autre demande, de Team Building cette fois.

Paradoxe : C’est en m’abandonnant à la facilité qu’elle m’est enfin apparue.

Conclusion

Mes enseignements

En résumé, voici ce que je retiendrai de mon expérience de traversée du chaos.

– Plaquer des représentations reste une façon de contrôler

Parce que j’avais collé une stratégie derrière le mot « facilité », je me suis fermée à autre chose, créant ainsi ma propre prison.

– La transformation s’opère d’elle-même

Si je devais faire un parallèle avec le coaching, je dirais que le rôle du coach est de créer ce container où les conditions de sécurité et de confiance sont suffisantes pour faire émerger les prises de conscience. Dans ce container, le coach offre les permissions et protections nécessaires à son client pour devenir l’acteur responsable de sa réalité et agir en cohérence avec ses aspirations et besoins.

– Le sens se construit de lui-même

Rien n’est absolu, tout est relatif.
Dans mon expérience, ma représentation de la facilité et de la manière dont elle devait se manifester (absolu) a été la source de ma souffrance et mon emprisonnement. L’explicitation de la différence entre la stratégie préconçue et idéalisée et la direction souhaitée pour atteindre la facilité m’a permis le détachement. De là s’est créé de l’espace pour accueillir une nouvelle réalité et ainsi libérer l’énergie créative.

– Derrière l’expérience du chaos, se trouve un cadeau caché

Le chaos est un sujet qui me passionne. Plus je l’observe et l’apprécie, plus je me rends compte qu’il regorge de cadeaux cachés. Accompagner le chaos est devenu pour moi une façon d’être. Dans un monde en tension qui change de plus en plus, et de plus en plus vite, apprendre à danser avec le chaos est à mon sens l’une des conditions pour pouvoir faire le pont, la liane, vers une nouvelle ère menant à davantage de fraternité, de conscience, de liberté et de créativité.

Offrir un regard différent sur le chaos et l’accompagner afin que chacun devienne acteur de sa propre liberté, voilà le sens que je donne à mon métier et la raison d’être de ma société POSTURES.

Pour les curieux :

Auteur : Linda Boussouak, Activateur de déclics, coach professionnel, praticienne Appreciative Inquiry spécialisée en leadership et dynamiques de changements et transitions http://www.postures-coaching.fr.

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